Issu de l’expression anglaise « fanatic magazine », le fanzine est une œuvre littéraire basée sur le concept de la micro édition. Imprimé et publié de manière indépendante, il est conçu par des passionnés pour d’autres passionnés. Souvent, les fanzines sont reconnaissables à leur aspect fait maison qui se traduit par un mélange de graffitis, illustrations, dessins, collages et calligraphies. Si beaucoup pensent que le numérique est un outil qui met à mal cet art, d’autres se plaisent à penser qu’il pourrait s’avérer un atout.

Le digital : un frein et un accélérateur pour les fanzines

Le fanzine est un art littéraire né de la volonté des passionnés de science-fiction qui souhaitaient valoriser leur genre de prédilection. À l’origine, il se traduisait par un partage de connaissance entre fans et la création de quelques œuvres isolées. Ce n’est qu’une quarantaine d’années plus tard qu’il prit une tournure plus large. Vers la fin des années 60, il devint un outil utilisé par les étudiants pour contester les décisions politiques. Par la suite, ce fut le mouvement punk qui en fit l’un des fers de lance de ses idéologies. Le fanzine devenait alors le reflet d’une culture anti-système et anti-consommation. Micro-édité, il mettait à portée de tous une certaine liberté d’expression hors de toute censure. Dans les années 90, le fanzine connut son âge d’or avec un caractère graphique encore plus poussé.

Une dizaine d’années plus tard, le numérique faisait son entrée en scène. Pour les plus pessimistes, cela signerait la destruction du fanzine. Il faut dire que la vulgarisation des informations par l’outil internet n’incitait pas le public à se rendre en librairie pour rechercher des fanzines. Si tout semblait perdu, les fanzineux ont découvert de nouvelles possibilités. Au fil des dernières années, on a ainsi pu remarqué un retour en force de cet art sur le marché. Le digital peut être alors considéré comme un frein et un accélérateur du fanzine. Avec les imprimantes couleurs on peut désormais édité en petites séries plus facilement. La partie contestataire punk et la dimension anti-sociale se sont, sans doute aussi, un peu perdues en route. Aujourd’hui, le fanzine a peut être aussi été régurgité par l’ère individualiste ou chacun veut faire entendre sa propre voix, ses émotions et faire en sorte que ça se sache. Sur certaines de ses rives, il devient alors une sorte d’art de « crafter » personnel et émotionnel. Au delà de cela, il reste, malgré tout, des fanzines artistiques réalisés par des illustrateurs de très grand talent.

La micro édition au cœur de la publication des fanzines

Les fanzines arborent généralement un aspect do it yourself (DIY). Ils sont donc, pour la plupart, fabriqués avec des reliures maison encollé ou à la ficelle. De petits formats, (A4 replié en 4 pour former 4 pages) ils présentent aussi souvent des pages assez chargées. Cette configuration anarchique n’est pas vraiment acceptée des librairies conventionnelles mais c’est justement ce qui fait du fanzine un format unique et qu’on aime. La meilleure solution pour les fanzineux désireux d’écouler leur micro-production, ce sont alors les établissements de micro édition : disquaires, concept-stores, librairies spécialisées…

Suivant des procédés de publication restreinte, ces établissements reçoivent régulièrement des fanzines. Après avoir étudié ceux-ci, ils en font la promotion si la pertinence est au rendez-vous. Bien entendu, les fanzines retenus sont tirés dans un nombre d’exemplaires restreint. Quant à la liberté éditoriale, elle est nécessairement plus accrue. Pas de gros producteurs cherchant à plaire à tout le monde ici. Le monde du Fanzine est élitiste et s’adresse à une clientèle choisie et plus ouverte d’esprit.