L’illustration a fait son entrée dans le monde littéraire depuis plusieurs siècles déjà. On la connaissait déjà dans l’antiquité et au fil du temps, elle s’est matérialisée de bien des façons dans des genres littéraires divers. Parmi eux, certains ont su se démarquer plus que d’autres par leurs particularités. C’est ainsi que les livres d’arts et livres d’artistes ont conquis le cœur de plusieurs amoureux de la littérature et de l’art.

La naissance des premiers livres d’art

Techniquement, l’art de l’illustration a fait son apparition dans le monde du livre imprimé au milieu du XVe siècle. Au cours des siècles suivants, il prit une tout autre tournure avec l’amélioration des techniques de reproduction mécanique. Notamment au XVIIe siècle, le livre imprimé commença à s’affranchir du manuscrit standard, dont il s’inspirait à l’origine. Gardant néanmoins ce côté enluminé propre aux manuscrits, les exemplaires luxueux des livres imprimés étaient très fournis en images picturales.  

Le XVIIIe siècle connut l’expansion des petits formats de gravures qui étaient communément appelés « vignettes ». Très appréciées des écrivains, celles-ci donneront naissance à plusieurs œuvres de qualité. Ce n’est que vers la fin du XVIIIe siècle que le livre d’art fut évoqué pour la première fois par l’éditeur Pierre Didot. En faisant une distinction franche entre les éditions de ses artistes et les illustrations lambda des vignettistes, celui-ci est devenu le précurseur du livre de peinture. En collaborant avec plusieurs peintres reconnus comme François Gérard, Anne-Louis Girodet, Jacques-Louis David, Pierre-Paul Prud’hon, il sortit les premiers exemplaires de la littérature d’art.

Concept des livres d’artistes

Au début du XXe siècle, les livres de peintres ont pris des formes plus marquées. Signant leur vrai acte de naissance, ces livres d’artistes sont issus des liens qui unissaient certains éditeurs au monde artistique. Dans leur conception, ceux-ci accordaient plus de liberté d’expression aux peintres. Ceux-ci pouvaient notamment donner libre cours à leur imagination et de ce fait valoriser leurs œuvres. C’est ainsi que les livres d’artistes renfermaient un statut artistique plus affirmé. Quant aux textes qui accompagnaient les diverses illustrations, ils ont rarement été considérés comme des classiques. Ils ressemblaient plus à des œuvres à caractère amical.

Contrairement à certains genres littéraires (les livres bibliophiles), la production des livres d’artistes précédait la demande du public. Il faut dire que les livres d’artistes ont connu du succès et ont été commercialisés par plusieurs marchands d’art. Parmi eux, figurait : Daniel-Henry Kahnweiler, Ambroise Vollard ou encore Aimé Meaght. Venaient alors s’ajouter quelques éditeurs spécialisés à l’image de Tériade ou d’Albert Skira.

Par la suite, un nouveau genre de livres d’art est né. Issu de la muséographie ou des collections privées, ils se sont donnés comme vocation de faire découvrir, apprécier et aimer la peinture et les grands peintres au grand public. Ces ouvrages sortent du cadre des précédents pour des tirages en grandes séries Ces objets entrent dans la famille de ce que l’on nomme souvent les « beaux livres ». Autrement dit, des livres plus onéreux bien sûr que ceux qui ne contiennent pas d’illustration et souvent de plus grands formats. Dans cette même mouvance des beaux livres, on peut aussi trouver des ouvrages créés autour d’illustrateurs célèbres, de thématiques chers à l’illustration ou même encore des livres de photographies.